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Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/390

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que vous ne vous ferez pas mieux instruire de la partie des finances et de leur sage administration. Voyez les ménagères connaissant le faible et le fort des maisons comme des empires ; dès qu’on ne veille pas à la marmite, toute la philosophie du monde ne saurait empocher une déconfiture. » Roland tombé, elle se tient pour satisfaite qu’il ait fourni « ses comptes et ses raisons. » Ce qu’elle a à cœur de faire triompher, ce sont les principes de justice, de fraternité, de rénovation sociale dont elle a bercé sa vie. Elle a la haine de l’anarchie et du despotisme des violents, qui en est la forme la plus honteuse et la plus redoutable. Elle adjure les sages de prendre le gouvernement de l’assemblée ; elle gourmande leur inaction, leur faiblesse, qui laisse le champ libre aux ambitieux sans scrupule : « Il faut veiller et prêcher jusqu’au dernier souffle, leur écrit-elle, ou ne pas se mêler de révolution… On n’ose plus parler, dit-on ; soit ; c’est tonner qu’il faut faire. La fermeté ne consiste pas seulement à s’élever au-dessus des circonstances, mais à s’y maintenir : il s’agit de rendre à la raison cette nation férocisée par d’infâmes prédicateurs enragés. » La guerre et le sang versé lui font horreur : « on n’en saurait être trop avare. » Mais si la crainte du danger est nécessaire pour fouetter les indolents, elle bénira la guerre. Elle voudrait donner à Condorcet, « cette liqueur fine imbibée dans du coton, » autant de courage qu’il a de talent. Elle s’indigne de la médiocrité générale : un homme ne sortira-t-il pas de ces inertes assemblées ? « Le sang lui bout dans les veines » quand elle entend vanter les Parisiens « qui ne veulent plus de Deux Septembre, comme si l’on avait besoin d’eux pour en exécuter