Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/47

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heureusement par le commencement du monde. Alors le soleil était déjà couché, et, pour achever la comparaison de lui à moi, j’allai dans ma chambre pour me préparer à en faire de même. »

Cette scène, où se jouent la verve et la gentillesse de la vingtième année — bien que Fénelon fût à la veille d’accomplir sa trentième, — achève de nous le représenter à ce moment de sa vie tel que Saint-Simon le peindra plus tard sous ses traits définitifs, avec un ravissant mélange de gravité et de bonne grâce, imposant et aimable, toujours empressé à plaire et déjà habitué à gouverner, muni pour une œuvre d’éducation de toutes les ressources que peut fournir la nature ou créer l’observation. Parmi ceux qui l’approchaient, il n’était personne qui ne se fît honneur de s’éclairer de ses lumières. C’est ainsi qu’un jour la duchesse de Beauvillier lui demanda des conseils sur ses devoirs de mère. Elle avait huit filles. « Comme elles étaient encore trop jeunes, dit le cardinal de Bausset, pour que Fénelon pût indiquer, par rapport à chacune d’elles, les modifications que tout instituteur doit employer, selon la différence des caractères, des penchants et des dispositions, il généralisa toutes ses maximes. » Ce qui devait être une consultation privée devint un livre, bientôt répandu dans le public et dont Mme de Maintenon fut la première à s’emparer[1].

  1. C’est le 29 mars 1687 que, d’après le privilège du roi, « le livre a été achevé d’imprimer. » Quelques bibliographes indiquent 1681 comme date de sa composition. Fénelon l’aurait donc écrit pendant son séjour à Carénac : ce qui n’a rien d’invraisemblable. L’intervalle entre la composition et la publication n’offre rien non plus qui ne soit dans les usages du temps. Voici ce que Claude Fleury nous apprend lui-même au sujet de la publication de son Traité du choix et de la méthode des études :