mieux vaut le monde lui-même qu’un couvent mondain. Si l’établissement est demeuré fidèle à l’esprit de son institut, l’ignorance absolue du siècle y règne : l’enfant qui en sort pour entrer dans la vie est comme une personne qu’on aurait nourrie dans les ténèbres d’une profonde caverne, et qu’on ferait tout d’un coup passer au grand jour ; rien ne peut être plus redoutable pour une imagination vive que cette surprise soudaine. C’est à la mère sage et discrète qu’il convient d’introduire peu à peu la jeune fille dans la société où elle doit vivre, et d’y accoutumer sa vue. Elle seule d’ailleurs peut découvrir dans son esprit et dans son cœur les mouvements qu’il importe de connaître pour la bien diriger. Il est vrai que, même en se consacrant à ce devoir, la mère a des charges qui ne lui permettent pas d’avoir toujours l’enfant sous les yeux ni de la mener partout avec elle : occupations intérieures qu’il faut remplir à heures fixes, commerce de bienséances qu’il convient d’entretenir au dehors. Aussi est-il utile qu’elle ait près de soi une personne d’un esprit bien réglé qui lui rende compte. Toutefois, pour si sûre que cette garantie puisse être, elle sera le plus souvent insuffisante : ce n’est que dans les cas de nécessité qu’une mère doit quitter sa fille, si elle ne veut que, par leurs discours, par le spectacle de leurs inimitiés et de leurs désordres, les gens de la maison, qui d’ordinaire sont autant d’esprits de travers, ne fassent pas en huit jours plus de mal qu’elle ne saurait faire de bien en plusieurs années. Enfin, quelque peine qu’elle prenne de veiller sur les autres, cette vigilance ne portera ses fruits qu’autant qu’elle s’en appliquera à elle-même toute la sévérité. Le plus grand obstacle à l’éducation domestique,
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