Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/68

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suivre son inclination, non pour l’accepter toujours, mais pour l’aider à se porter aux choses qu’il doit faire, et arriver à le convaincre de ce qu’il faut qu’il aime. Fénelon se plaît enfin à unir et à concerter, pour ainsi dire, l’action de la sensibilité et celle du raisonnement ; il les fait intervenir ensemble ou tour à tour, selon les dispositions ou les moments, sans jamais oublier que les hommes, à plus forte raison les enfants, ne se ressemblent pas toujours à eux-mêmes, que ce qui est bon aujourd’hui peut être mauvais demain, et que, si une conduite persévérante est nécessaire, une conduite uniforme peut faire plus de mal que de bien.

Si judicieuses que soient ces méthodes d’éducation proprement dite, celles qui touchent à l’instruction nous paraissent supérieures par la profondeur, la grâce et l’originalité.

Cette originalité même entraîne parfois Fénelon et l’expose ; sur certains points il dépasse la mesure. Vivement touché, par exemple, des défauts de la scolastique de son temps, il se plaignait qu’on demandât aux enfants « une exactitude et un sérieux dont ceux qui l’exigent seraient incapables, qu’on leur parlât toujours de mots et de choses qu’ils n’entendent point : nulle liberté, nul enjouement, toujours leçons, silence, postures gênées, corrections et menaces. » Visait-il par là le formalisme des règlements de l’Université ? Songeait-il à la tristesse janséniste des Petites Écoles ? C’est, on le sait, le caractère de sa controverse, en général, de discuter les doctrines, sans jamais s’attaquer à ceux qui les représentent ; mais la critique a d’autant plus de portée qu’elle est impersonnelle. « Le grand vice des