Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/76

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le suivant de degré en degré depuis la supercherie relativement inoffensive jusqu’aux subtilités perfides « par lesquelles on veut faire en sorte que le prochain se trompe sans qu’on puisse se reprocher de l’avoir trompé », soit qu’il en montre le vice d’origine dans la bassesse de l’esprit, soit qu’il découvre le fond d’inquiétude honteuse où jette la nécessité de couvrir un artifice par cent autres, et le mépris qu’excite à la longue cette détestable politique, soit enfin qu’il mette en regard la droiture de conduite, la probité judicieuse, toujours tranquille, d’accord avec elle-même, n’ayant rien à inventer ni à craindre : le trait, rapide, ailé, porte et pénètre.

Mais Fénelon n’attend de ces observations aucun effet décisif si le mal n’est pris à sa source ; et la source, pour lui, c’est l’ignorance. Il sait quels sont les dangers d’une instruction mal conduite, « et qu’on ne manque pas de se servir de l’expérience qu’on a de beaucoup de femmes que la science a rendues ridicules ». Pour mesure du savoir qu’il voudrait leur assurer, il prend la mesure des devoirs qu’elles ont à remplir. Seconder l’essor de leurs facultés propres, sans encourager, en combattant même leurs faiblesses natives : tel est l’objet qu’il se propose. De là ce que son programme d’enseignement a tout ensemble de large et de restreint. En faisant de la religion la base de toute éducation, il lui donne un caractère presque philosophique, « rien n’étant plus propre à déraciner ou à prévenir la superstition qu’une instruction solide et raisonnée, » et les arguments sur lesquels il établit ses leçons sont ceux-là même qu’il déduit dans l’Existence de Dieu. Il ne se borne pas aux éléments