Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/136

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il aime mieux mourir. Le maître nomme un de ses esclaves pour le remplacer… Attendez que je me prépare… Il va dans la case, prend une hache, se coupe le poing ; revient au maître, et lui dit : Exige maintenant que je sois le bourreau de mes camarades[1].

Dickson nous a conservé le fait suivant. Un Nègre avoit tué un Blanc ; un autre homme accusé du crime alloit être mis à mort. « Le meurtrier va se déclarer à la justice, parce qu’il ne pourroit supporter le remords d’avoir causé à deux individus la perte de la vie ». L’innocent est relâché, et le Nègre est envoyé au gibet, où il resta vivant six à sept jours.

Le même Dickson a vérifié que sur cent vingt mille, tant Nègres que sang-mêlés, à la Barbade, dans le cours de trente ans, on n’a ouï parler que de trois meurtres de la part des Nègres, quoiqu’ils fussent souvent provoqués par la cruauté des planteurs[2].

  1. V. Le Bonnet de Nuit, par Mercier, t. II, article Morale.
  2. Dickson, Letters on slavery, 1789, p. 20 et suiv.