Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

claves, et qui, pour acquitter ce tribut, en tiroit peut-être de l’intérieur de l’Afrique[1]. On les employoit à la guerre, car dans celle des croisades, on voit à Hébron, et au siége de Jérusalem, en 1099, des Noirs à cheveux crépus, que Guillaume de Malmesbury appelle également Éthiopiens[2].

Chez les modernes, quoique le nom d’Éthiopie soit exclusivement réservé à une région de l’Afrique, beaucoup d’écrivains, espagnols et portugais surtout, ont appelé Éthiopiens tous les Noirs. Il n’y a pas encore trente ans que le docteur Ehrlen imprimoit, à Strasbourg, un traité de servis Æthiopibus Europeorum in coloniis Americæ[3]. La dénomination d’Africains prévaut actuellement, et l’emploi de ces deux mots est également abusif, puisque d’une part l’Éthiopie, dont les habitans ne sont pas du noir le plus foncé[4], n’est qu’une partie d’Afrique, et

  1. V. Gibbon’s, History, etc., reviewed by the rev. J. Whitaker, in-8o, London 1791, p. 182 et suiv.
  2. Guillelm. Malmesb., fol. 84.
  3. In-4o, Argentorati 1778.
  4. V. Voyage d’Éthiopie, par Poncet, p. 99, etc. ;