Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/205

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également Mulâtre, associé de la classe des sciences morales et politiques de l’Institut, pour la section de législation. Sans avoir la prétention de justifier en tout la conduite de Raymond, on peut louer l’énergie avec laquelle il a défendu les hommes de couleur et Nègres libres. Il a publié une foule d’opuscules, dont la collection importante pour l’histoire de Saint-Domingue, peut servir d’antidote aux impostures débitées par des colons[1].

J’aurois pu nommer la Négresse Belinda, née dans une contrée charmante de l’Afrique ; elle y fut volée à douze ans, et vendue en Amérique. Quoique pendant quarante ans j’aye servi, dit-elle, chez un colonel, mes travaux ne m’ont obtenu aucun soulagement ; âgée de soixante-dix ans, je n’ai pas encore joui des bienfaits de la création. Avec ma fille, je traîne le reste de mes jours dans l’esclavage et la misère ; pour elle et pour moi, je demande enfin la liberté. Telle est la substance du mémoire qu’elle adressa, en

  1. V. surtout, la véritable origine des troubles de Saint-Domingue, par Raymond.