Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/296

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cette assertion, fausse dans sa généralité, est vraie à bien des égards. Un concours d’heureuses circonstances développa le génie de Copernic, de Galilée, de Leibnitz et de Newton ; des circonstances fâcheuses ont peut-être empêché d’éclore des génies qui les auroient surpassés ; chaque pays a sa Béotie, mais en général on peut dire que le vice et la vertu, l’esprit et la sottise, le génie et l’ineptie appartiennent à toute sorte de contrées, de nations, de crânes et de couleurs.

Pour comparer des peuples, il faut les placer dans les mêmes conjonctures ; et quelle parité peut s’établir entre les Blancs, éclairés des lumières du christianisme qui mène presque toutes les autres à sa suite, enrichis des découvertes, entourés de l’instruction de tous les siècles, stimulés par tous les moyens d’encouragement ; et d’autre part, les Noirs privés de tous ces avantages, voués à l’oppression, à la misère ? Si aucun d’eux n’avoit fait preuve de talens, on n’auroit pas lieu d’en être surpris ; ce qu’il y a vraiment d’étonnant, c’est qu’un si grand nombre en ayent manifesté. Que seroient-ils donc si, rendus à toute la dignité d’hommes libres, ils occu-