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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/300

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un homme dans la dépendance d’un autre, et toutes les loix que la raison désavoue, sont par là même frappées de nullité. Chacun apporte, en naissant, son titre à la liberté[1] ; les conventions sociales en ont circonscrit l’usage, mais la limite doit être la même pour tous les membres de la cité, quelles que soient leur origine, leur couleur, leur religion. Si vous avez droit de rendre un autre homme esclave, disoit Price, il a droit de vous rendre esclave ; et si l’on n’a pas droit de le vendre, personne n’a le droit de l’acheter.

Puissent les nations européennes expier enfin leurs crimes envers les Africains ! Puissent les Africains, relevant leurs fronts humiliés, donner l’essor à toutes leurs facultés, ne rivaliser avec les Blancs qu’en talens et en vertus, oublier les forfaits de leurs persécuteurs, ne s’en venger que par des bienfaits, et dans les effusions de la tendresse fraternelle, goûter enfin la liberté et le bonheur ! Dût-on ici bas n’avoir que rêvé ces avantages pour soi-même, il est du moins

  1. Le Genty.