Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/80

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d’avoir pour épouse légitime une Négresse, lorsqu’il ne l’est pas de l’avoir pour concubine. Joel Barlow voudroit, au contraire, que ces mariages mixtes fussent favorisés par des primes d’encouragement : les Nègres ni les Mulâtres ne peuvent jamais augmenter la caste blanche ; tandis que celle-ci augmente journellement celle des Mulâtres ; le résultat inévitable est que les Mulâtres finissent par être les maîtres. Fondé sur cette observation, Robin croit que la démarcation de couleur est le fléau des colonies, et que Saint-Domingue seroit encore dans sa splendeur, si l’on eût suivi la politique espagnole, qui n’exclut pas les sang-mêlés des alliances et des autres avantages sociaux[1].

On accuse les Nègres d’être vindicatifs. Comment ne le seroient pas des hommes vexés, trompés sans cesse, et par là même provoqués à la vengeance ? On pourroit en citer des milliers de preuves : bornons-nous à un seul fait. À Surinam, le Nègre Baron, adroit, instruit et fidèle, est amené en Hollande par son maître, qui lui promet la liberté

  1. V. T. I, p. 28.