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Page:Grégoire de Nysse - Éloge funèbre de saint Mélèce, 1853.djvu/18

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tendrirais-je sans motif ? Ou plutôt n’est-il pas vrai que je ne puis, même en enflant ma voix, déplorer dignement un tel malheur ? Prêtez-nous, mes frères, prêtez-nous les larmes de la compassion. Quand vous étiez dans la joie, nous avons pris part à votre bonheur ; payez-nous aujourd’hui de ce triste retour. Se réjouir avec ceux qui se réjouissent, c’est ce que nous avons fait ; pleurer avec ceux qui pleurent, c’est ce que vous nous devez en échange. Jadis un peuple étranger pleura Jacob, et se crut atteint par le coup qui frappait autrui, quand les fils du patriarche, transportant hors d’Égypte, avec toute une nation, le corps de leur père, déploraient cette perte cruelle sur la terre étrangère, et prolongeaient leurs gémissements durant trente jours et trente nuits. Imitez ces enfants d’une autre race, vous qui êtes frères et ne faites qu’une famille. Alors les étrangers et les indigènes mêlaient leurs larmes ; qu’il en soit de même aujourd’hui dans un malheur commun. Vous voyez ces pa-