Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que chacun d’eux fît naître en lui le désir de ce qui lui est apparenté. L’éternité étant aussi un des avantages attachés à la nature divine, il fallait donc, de toute nécessité, que l’organisation de notre nature ne fût pas sur ce point non plus déshéritée, mais qu’elle possédât en elle-même le principe de l’immortalité, afin que cette faculté innée lui permît de connaître ce qui est au-dessus d’elle, et lui donnât le désir de l’éternité divine.

[7] C’est ce que montre le récit de la création du monde, d’un mot qui embrasse tout, en disant [Gen., i, 26] que l’homme a été fait à l’image de Dieu ; car la ressemblance de cette image implique l’ensemble de tous les caractères qui distinguent la divinité, et tout ce que Moïse nous raconte, plutôt à la façon d’un historien, sur ce sujet, en nous présentant des doctrines sous la forme d’un récit, se rattache au même enseignement. Car le paradis, et la nature spéciale de ses fruits, qui procurent à ceux qui en goûtent, non la satisfaction de l’estomac, mais la connaissance et la vie éternelle, tout cela concorde avec les considérations précédentes sur l’homme, établissant qu’à l’origine notre nature était bonne et vivait au milieu du bien.

[8] Mais peut-être cette affirmation est-elle contestée par celui qui considère la condition présente, et qui s’imagine convaincre de fausseté ce discours, en faisant valoir que l’homme aujourd’hui, loin d’être en possession de ces biens, se montre à nous dans une situation presque entièrement opposée. Où est en effet ce caractère divin de l’âme ? où est cette absence de souffrance physique ? où est cette éternité ? Brièveté de notre vie, caractère