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Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/129

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souveraine ce qui serait assujetti et asservi à des nécessités ? Ce qui a été fait en tout point à l’image de la Divinité devait, assurément, posséder dans sa nature une volonté libre et indépendante, de façon que la participation aux avantages divins fût le prix de la vertu.

ORIGINE DU MAL

[11] Mais d’où vient, direz-vous, que l’être ainsi honoré de tous les plus nobles privilèges sans exception, ait reçu en échange de ces biens une condition inférieure ? Cela encore s’explique aisément. Aucune apparition du mal n’a eu son principe dans la volonté divine, car le vice échapperait au blâme s’il pouvait se réclamer de Dieu comme de son créateur et de son auteur. Mais le mal prend naissance au dedans, il se forme par un effet de notre volonté toutes les fois que l’âme s’éloigne du bien. De même, en effet, que la vue est l’exercice d’une faculté naturelle, et que la cécité est la privation de cette activité, il y a entre la vertu et le vice une opposition du même genre. Car il est impossible de concevoir l’existence du mal autrement que comme l’absence de la vertu. [12] La disparition progressive de la lumière s’accompagne de l’obscurité, qui n’existe pas en présence de la lumière. De même, tant que le bien est présent dans notre nature, le mal n’a pas d’existence par lui-même, et c’est la disparition de l’élément supérieur qui donne naissance à l’élément inférieur. Ainsi le caractère propre de la liberté étant de choisir librement l’objet désiré, la responsabilité des maux dont vous souffrez aujourd’hui ne retombe pas sur Dieu, qui a créé votre nature indépendante et libre, mais sur votre imprudence, qui a choisi le pis au lieu du mieux.