Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/137

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divine, a substitué l’être au néant. Or il faut ranger aussi dans la création la puissance dont nous avons parlé, qui choisit par un mouvement de sa libre volonté ce qui lui paraît bon ; quand celui-là eût fermé les regards au bien et connu l’envie, à la façon de l’homme qui abaissant en plein soleil ses paupières sur ses yeux, voit de l’obscurité, il en arriva lui aussi à concevoir le contraire du bien, pour n’avoir pas voulu tourner sa pensée vers le bien. Et c’est là l’envie.

[8] Il est reconnu que le point de départ de tout fait détermine les conséquences qui en sont la suite. Par exemple, la santé a pour conséquences la vigueur physique, l’activité, le plaisir de la vie, tandis que la maladie entraîne la faiblesse, l’inertie, le dégoût de l’existence. Ainsi, en toutes choses, la série des conséquences s’enchaîne au point de départ qui lui est propre. De même, par conséquent, que l’absence des passions est le principe et la condition d’une vie conforme à la vertu, de même le penchant au vice produit par l’envie ouvre la voie à tous les maux qui se manifestent à sa suite. [9] Lorsqu’une fois celui qui avait fait naître l’envie en lui-même en se détournant du bien, eût incliné vers le mal, à la façon d’une pierre détachée du sommet d’une montagne, qui se trouve entraînée en avant par son propre poids, il se vit lui-même, quand il se fut arraché de son affinité naturelle avec le bien, et incliné vers le vice, emporté de son propre mouvement, par son poids pour ainsi dire, vers le dernier degré de la perversité ; la faculté de penser qu’il avait reçue du créateur pour coopérer avec lui à communiquer le bien, il la fit servir à la découverte de desseins mauvais, et c’est ainsi qu’il