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Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/139

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circonvint habilement l’homme par fraude, le persuadant de devenir son propre meurtrier et l’amenant au suicide.

CHUTE DE L’HOMME

[10] La puissance qu’il avait reçue d’un bienfait de Dieu conférait en effet à l’homme une condition élevée, car il avait été chargé [Gen., i, 28-30] de régner sur la terre et sur tout ce qu’elle renferme ; elle lui conférait la beauté extérieure, puisqu’il avait été fait à l’image du modèle même de la beauté, — l’absence des passions, puisqu’il était le portrait de celui qui ne connaît pas la passion, une entière liberté de langage, puisqu’il se repaissait du délice de voir Dieu face à face : autant d’aliments qui enflammaient chez l’Ennemi la passion de l’envie.

[11] Mais il n’était pas capable d’exécuter son dessein par la force et par l’usage violent de son pouvoir, car la puissance attachée au bienfait de Dieu l’emportait sur sa violence. Toutes ces raisons l’amenèrent à tramer des artifices en vue de détacher l’homme de la puissance qui lui donne sa force, pour le prendre facilement au piège de sa machination. Il en est de même pour une lampe dont la mèche a pris feu de tous côtés. Si ne pouvant éteindre la flamme en soufflant, on mélange de l’eau à l’huile, on arrivera par ce stratagème à obscurcir la flamme. De même ayant par fraude mêlé le vice à la libre volonté de l’homme, l’Ennemi a déterminé comme l’extinction et l’obscurcissement du bienfait divin. Ce bienfait venant à manquer, ce qui lui est opposé se présente de toute nécessité à sa place. Or à la vie s’oppose la mort, à la puissance la faiblesse, à la bénédiction l’imprécation, à la liberté de tout dire, un sentiment de