Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/141

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honte, et à tous les biens, ce que l’esprit regarde comme leurs contraires. Voilà pourquoi le genre humain est plongé dans les maux présents, ce premier pas ayant fourni le point de départ qui a abouti à un tel résultat.

LE CRÉATEUR N’EST PAS MAUVAIS

VII. Et que personne ne demande si Dieu prévoyait ce malheur que l’humanité devait s’attirer par son imprudence, quand il se détermina à créer l’homme, pour lequel il eût été peut-être plus avantageux de ne pas être que d’être en proie aux maux. C’est là en effet ce que font valoir pour établir leur erreur ceux qui se sont laissé séduire par tromperie aux doctrines manichéennes, quand ils s’appuient là-dessus pour déclarer que le créateur de la nature humaine était mauvais. Si Dieu en effet n’ignore rien de ce qui est, et si l’homme est plongé dans les maux, il devient impossible de garder intacte la doctrine de la bonté de Dieu, puisqu’il aurait appelé à l’existence l’homme destiné à vivre dans les maux. Car si l’activité dans le bien caractérise absolument une nature bonne, cette vie misérable et mortelle ne saurait plus, dit le manichéen, être regardée comme l’ouvrage du bien, mais il faut attribuer à une vie de ce genre une cause différente, naturellement portée au mal.

[2] Tous ces arguments et d’autres du même genre ont, à première vue, un caractère spécieux qui leur prête une certaine force, aux yeux des hommes profondément imbus de la supercherie hérétique comme d’une teinture indélébile ; mais les esprits doués d’une vue plus pénétrante de la vérité aperçoivent clairement la mauvaise qualité de ces arguments, et les moyens qu’ils