Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/153

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[10] Il y a pour le corps différentes sortes de maladies, qui se prêtent plus facilement que d’autres à un traitement, et pour ces dernières on a recours aux incisions, aux cautérisations, et aux potions amères pour détruire le mal qui a frappé le corps. C’est une méthode semblable que nous annonce expressément le jugement de l’au-delà pour la guérison des infirmités de l’âme. Pour les hommes frivoles, c’est une menace et un procédé de correction sévère, afin que la crainte d’une expiation douloureuse nous amène à fuir le mal et à devenir plus sages ; mais les esprits plus sensés y voient avec foi un procédé de guérison et de traitement appliqué par Dieu, qui veut ramener la créature formée par lui à sa grâce primitive. [11] Car ceux qui enlèvent par l’incision ou la cautérisation les excroissances et les verrues qui se sont formées sur le corps contre nature, n’arrivent pas à guérir sans douleur celui qu’ils soulagent ; mais ils ne pratiquent pas l’incision pour endommager le patient ; de même toutes les callosités matérielles qui se forment sur nos âmes devenues charnelles par leur participation aux maladies, sont, au moment du jugement, coupées et retranchées par l’ineffable sagesse et par la puissance de celui qui est, selon le mot de l’Évangile, le médecin des méchants [Luc, v, 31 ; cf. Matthieu, ix, 12 ; Marc, ii, 17]. « Ce ne sont pas en effet, dit-il, les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. »

[12] La grande affinité qui s’est établie entre l’âme et le mal a la conséquence suivante : L’incision de la verrue cause une vive douleur à la surface du corps, car ce qui s’est développé dans la nature contre la