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Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/155

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nature elle-même, tient à la substance par une sorte de sympathie, et il se produit un mélange inattendu de l’élément étranger avec notre propre être, en sorte que la séparation de l’élément contre nature entraîne une sensation douloureuse et aiguë ; de même aussi, quand l’âme s’exténue et se consume dans les reproches que lui attire sa faute, comme dit le prophète [Ps. xxxix, 12], à cause de son union profonde avec le mal, nécessairement doit se présenter un cortège de douleurs indicibles et inexprimables, dont la description est impossible au même titre que celle des biens que nous espérons. Ni les uns ni les autres en effet ne se prêtent aux moyens d’expression dont dispose le langage ni aux conjectures de la pensée.

[13] Si donc on observe à distance la fin que se propose la sagesse du gouverneur de l’univers, on ne peut plus, en bonne logique, désigner mesquinement le créateur de l’humanité comme responsable des maux, en disant qu’ou bien il ignore l’avenir, ou bien le connaissant et l’ayant créé, il n’est pas étranger à l’élan qui porte vers le mal. En effet, il savait l’avenir et il n’a pas empêché le mouvement qui le préparait.

Que le genre humain dût se détourner du bien, c’est ce que n’ignorait pas le maître souverain dont la puissance embrasse toutes choses, et qui voit les temps à venir aussi bien que le passé. [14] Mais de même qu’il assistait en esprit à l’égarement du genre humain, il l’a vu en pensée ramené vers le bien. Qu’y avait-il donc de meilleur ? ne point appeler du tout notre nature à la vie, puisqu’il prévoyait que la créature à venir s’écarterait du bien, ou après l’avoir fait naître, la rappeler