désir, que n’a-t-il aussi détaché l’homme de la puissance ennemie, pour le ramener à sa condition première, s’il lui plaisait de le faire ? Au contraire, il prend des chemins détournés et longs, il revêt la nature corporelle, il entre dans la vie par la voie de la naissance, et parcourt successivement toutes les étapes de la vie, après quoi il fait l’expérience de la mort [Hebr., ii, 9], et il atteint ainsi son but, par la résurrection de son propre corps, comme s’il ne lui était pas possible, en restant dans les hauteurs de la gloire divine, de sauver l’homme par décret, et de mépriser l’emploi de moyens aussi détournés. Il faut donc que nous établissions encore la vérité en face des objections de ce genre, pour que rien ne puisse entraver la foi de ceux qui recherchent avec un soin attentif l’explication rationnelle du mystère.
[5] Examinons donc, en premier lieu, ce qui s’oppose exactement à la vertu : question à laquelle nous avons déjà consacré plus haut un certain développement. Comme l’obscurité s’oppose à la lumière, et la mort à la vie, le vice s’oppose manifestement à la vertu, et le vice seulement. De la foule d’objets que l’on considère dans la création, rien ne se distingue par un contraste absolu de la lumière ou de la vie, rien : ni pierre, ni bois, ni eau, ni homme, absolument rien de ce qui existe, en dehors des notions proprement opposées, comme l’obscurité et la mort. Il en est de même pour la vertu ; on ne saurait dire que rien dans la création soit conçu comme s’opposant à elle, si ce n’est la notion du vice.
[6] Si notre enseignement prétendait que la divinité a pris naissance dans le vice, notre adversaire aurait lieu