Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/179

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d’attaquer notre foi, et de traiter de disproportionnée et de discordante notre doctrine sur la nature divine ; car il serait sacrilège de dire que la sagesse personnifiée, la bonté, l’incorruptibilité, toutes les notions et les appellations sublimes se sont transformées au point d’aboutir à leurs contraires. [7] Si donc la véritable vertu, c’est Dieu ; si rien ne s’oppose par nature à la vertu en dehors du vice ; si Dieu prend naissance, non pas dans le vice, mais dans la nature humaine, et s’il n’y a d’indigne de Dieu et d’avilissant que l’infirmité attachée au mal, — étant donné que Dieu n’y est pas né, et ne pouvait y naître en vertu de sa nature, pourquoi rougit-on de convenir que Dieu est entré en contact avec la nature humaine, puisqu’on n’observe dans la condition de l’homme aucune opposition avec la conception de la vertu ? Ni la faculté de raisonner, en effet, ni celle de comprendre, ni celle de connaître, ni aucune autre du même genre, propre à l’être humain, ne se trouvent opposées à la conception de la vertu.

LA NATURE HUMAINE N’A PAS ÉTÉ ABAISSÉE

XVI. Mais, dit-on, la transformation elle-même qui s’opère dans notre corps est une forme de faiblesse. Celui qui a pris naissance dans ce corps se trouve dans un état de faiblesse ; or la divinité est exempte d’infirmité. On se fait donc de Dieu une conception étrangère à lui, si l’on prétend établir que l’être naturellement exempt de faiblesse en vient à partager un état de faiblesse. — Mais à ces objections nous opposerons encore une fois le même argument : le mot faiblesse se prend dans deux sens, un sens propre et un sens abusif. Le mouvement qui, avec la participation de la volonté, fait passer de la vertu au vice est vraiment une faiblesse ;