Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/203

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XXII. En quoi consiste donc ici la justice ? À ne pas avoir usé contre celui qui nous détenait, d’une autorité absolue et tyrannique, et à n’avoir laissé, en nous arrachant à ce maître par la supériorité de son pouvoir, aucun prétexte de contestation à celui qui avait asservi l’homme au moyen du plaisir. Ceux qui ont vendu pour de l’argent leur propre liberté, sont les esclaves de leurs acquéreurs, puisqu’ils se sont constitués eux-mêmes les vendeurs de leurs propres personnes, et il n’est permis ni à eux, ni à aucun autre parlant en leur faveur, de réclamer la liberté, ceux qui se sont volontairement voués à cette condition misérable fussent-ils de naissance noble. [2] Si, par intérêt pour la personne vendue, on usait de violence contre l’acheteur, on passerait pour coupable, en enlevant par un procédé tyrannique celui qui a été légalement acquis. Mais si on voulait le racheter, aucune loi ne s’y opposerait. De même, comme nous nous étions volontairement vendus, celui qui par bonté nous enlevait pour nous remettre en liberté, devait avoir imaginé, non le procédé tyrannique de salut, mais le procédé conforme à la justice. C’était un procédé de ce genre que de laisser au possesseur le choix de la rançon qu’il voulait recevoir, pour prix de celui qu’il détenait.

XXIII. Quelle rançon devait donc naturellement préférer le possesseur ? On peut, d’après la suite des idées, conjecturer son désir, si les points acquis comme évidents nous fournissent des indices pour la question présente. Celui qui, d’après la doctrine exposée au début du traité, avait fermé les yeux au bien, par envie pour le bonheur de l’homme, et qui avait engendré en