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Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/205

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lui-même les ténèbres du vice, celui qui était malade d’ambition, principe et fondement de la dépravation, et pour ainsi dire, mère des autres vices, contre quoi eût-il échangé celui qu’il détenait, si ce n’est, selon toute évidence, contre l’objet qui le dépassait en élévation et en grandeur, afin de satisfaire plus complètement la passion de son orgueilleux vertige, en recevant plus qu’il ne donnait ?

[2] Mais dans l’histoire de tous les temps, il ne connaissait rien de semblable à ce qu’il voyait se manifester alors : une conception se produisant sans union, une naissance exempte de corruption, l’allaitement donné par une vierge, des voix parties des régions invisibles, attestant d’en haut la condition merveilleuse de la naissance, la guérison sans effort et sans remèdes des infirmités naturelles, opérée par lui d’un seul mot et par un simple mouvement de la volonté, le retour des morts à la vie, la délivrance des possédés, l’effroi inspiré aux démons. C’était encore le pouvoir de commander aux phénomènes de l’air [Matt., viii, 26, 27], celui de marcher à travers la mer [Matt., xiv, 25, 26 ; Marc, vi, 48, 49 ; Jean, vi, 49] ; les flots ne s’ouvraient point de part et d’autre pour découvrir le fond de l’abîme sous les pas des arrivants comme dans le miracle de Moïse, mais la surface de l’eau se durcissait sous les pieds, et douée de résistance, soutenait solidement leur marche ; c’était le privilège de se passer de nourriture aussi longtemps qu’il le voulait, les festins copieux offerts dans le désert à des milliers et des milliers de convives auxquels le ciel n’envoyait pas la manne, et que la terre ne nourrissait pas, pour satisfaire leurs besoins, de ses produits naturels, mais auxquels la libéralité de la puis-