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Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/211

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prenant un semblable phénomène. Comment le feu, tout en restant feu, déroge-t-il à sa nature par le mode de son mouvement, dans cette tendance à descendre ? Il en est ainsi pour la puissance divine et suprême : ni les immensités des cieux, ni l’éclat des astres, ni l’ordonnance de l’univers et l’économie prolongée du monde ne font voir cette puissance autant que la condescendance qui l’incline vers la faiblesse de notre nature. Nous y voyons comment la grandeur, se trouvant placée dans la bassesse, se laisse apercevoir dans la bassesse sans déchoir de son élévation ; comment la Divinité, s’étant unie à la nature humaine, devient ceci tout en restant cela.

[4] Comme on l’a dit plus haut, il était impossible à la puissance adverse d’entrer en contact avec Dieu s’il se présentait sans mélange, et d’affronter son apparition, si elle avait lieu sans voile ; c’est pourquoi la Divinité, voulant offrir une prise facile à celui qui cherchait à nous échanger contre un objet plus précieux, se cacha sous l’enveloppe de notre nature, afin que l’appât de la chair fît passer avec lui l’hameçon de la Divinité, comme il arrive pour les poissons gourmands, et qu’ainsi, la vie ayant été logée dans la mort, et la lumière étant venue briller dans les ténèbres, on vît disparaître ce qui est conçu comme opposé à la lumière et à la vie. Car il est impossible aux ténèbres de subsister en présence de la lumière, de même qu’il ne peut y avoir de mort quand la vie est en activité.

[5] Reprenons donc dans ses points essentiels la suite du mystère, afin de compléter sa justification en réponse à ceux qui accusent le plan divin de faire réaliser à la