Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du second, le remède du poison, et le procédé du traitement n’altére en rien le caractère bienfaisant de l’intention : si l’un et l’autre mêlent une drogue à la nourriture, nous savons du moins, en considérant leur dessein, louer l’un et blâmer l’autre. Il en est de même ici. Le trompeur reçoit à son tour, selon la règle de la justice, ce qu’il a semé par un acte de sa volonté propre (car il est trompé, lui aussi, par l’homme qu’on lui présente en appât, lui qui avait le premier trompé l’homme par l’amorce du plaisir) ; mais l’intention du procédé en change avantageusement le caractère.

[5] L’un avait exécuté sa tromperie en vue de corrompre la nature ; l’autre, à la fois juste, bon et sage, a imaginé la tromperie pour sauver celui qui avait été corrompu, faisant ainsi du bien non seulement à la créature perdue, mais encore à l’auteur de notre perte. Le rapprochement de la vie et de la mort, de la lumière et des ténèbres, de l’incorruptibilité et de la corruption, amène la disparition et l’anéantissement de l’élément inférieur, pour le bien de celui qui est délivré de ces maux.

[6] Quand il s’est mêlé à l’or une matière moins précieuse, les ouvriers qui en ont le soin font disparaître par le feu l’élément étranger que contient l’or et qui doit être éliminé, et ramènent ainsi à son éclat naturel la matière la plus précieuse ; cette séparation toutefois ne va pas sans peine ; il faut du temps pour que le feu fasse disparaître l’impureté par sa puissance de destruction, et c’est une sorte de traitement qu’on applique à l’or en faisant fondre l’élément même dont la présence a pour effet d’altérer sa beauté. [7] De même ici, la