Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/231

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ils assurent, par leur intermédiaire, à la nature une succession continue.

[4] Si c’est au point de vue de l’utilité qu’on se place, quel est celui des organes regardés comme importants auquel ceux-là céderont la première place ? Sur lequel ne leur donnerait-on pas à bon droit l’avantage ? Ni l’œil en effet, ni l’oreille, ni la langue, ni aucun organe des sens n’assurent la continuité ininterrompue de notre espèce ; car ils regardent, nous l’avons dit, la jouissance actuelle. Ce sont les autres qui conservent à la nature humaine l’immortalité, de sorte que l’activité de la mort sans cesse dirigée contre nous est en un sens vaine et inefficace, puisque la nature comble chaque fois le vide par la succession des nouveaux venus. Que contient donc notre religion qui soit indigne de Dieu, si Dieu a pris, pour se mélanger à la vie humaine, les voies que la nature emploie pour lutter contre la mort ?

XXIX. Passant de cette question à une autre, les adversaires essaient encore d’injurier notre doctrine. Si la méthode employée était bonne et digne de Dieu, disent-ils, pourquoi a-t-il différé son bienfait ? Pourquoi, lorsque le vice était encore à ses débuts, n’a-t-il pas coupé court à ses progrès ultérieurs ?

[2] À cette objection nous répondrons simplement que c’est la sagesse et la prévoyance de l’être bienfaisant par nature qui ont différé le bienfait. En effet, dans le cas des maladies physiques, quand une humeur corrompue envahit les conduits du corps, jusqu’au moment où l’élément contraire à la nature s’est manifesté à la surface, ceux qui appliquent aux maladies une méthode