Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/233

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savante ne traitent pas le corps à l’aide d’astringents ; ils attendent que le mal caché dans les profondeurs se montre au dehors, et alors, quand il est à découvert ils lui appliquent le traitement. Ainsi donc, une fois que la maladie du vice se fut abattue sur la nature humaine, le médecin de l’univers attendit qu’il ne restât cachée dans notre nature aucune forme de perversité.

[3] Voilà pourquoi ce n’est pas aussitôt après la jalousie et le fratricide de Caïn qu’il applique à l’homme le traitement. En effet, ceux qui furent détruits du temps de Noé n’avaient pas encore fait éclater leur vice, la funeste maladie des crimes de Sodome ne s’était pas manifestée, ni la lutte des Égyptiens contre Dieu, ni l’arrogance des Assyriens, ni le crime commis par les Juifs [Matt., xxiii, 34] contre les saints de Dieu, ni le massacre criminel des enfants ordonné par Hérode [Matt., ii, 16-18], non plus que tous les autres méfaits dont on garde la mémoire, et tous ceux qui furent commis à l’insu de l’histoire dans la suite des générations, quand la racine du mal poussait différentes sortes de rejetons suivant les diverses inclinations de la volonté humaine.

[4] Lorsque le vice fut arrivé à son comble, et qu’il n’y eut plus aucune sorte de perversité qui n’eût été osée par les hommes, alors Dieu se mit à soigner la maladie, non pas à son début, mais dans son entier épanouissement, pour que le traitement pût s’étendre à toute l’infirmité humaine.

XXX. Si l’on s’imagine réfuter notre doctrine en faisant valoir que, même après l’application du traitement, la vie humaine est encore gâtée par les fautes, qu’on se laisse guider vers la vérité par un exemple