Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/237

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tion divine, parler la langue de tous les peuples [Actes, ii, 8-11], c’était pour que personne ne fût exclu des bienfaits de cet enseignement), comment donc pourrait-on encore raisonnablement reprocher à Dieu que sa doctrine ne se soit pas imposée à tous ?

[4] Celui qui a la libre disposition de toutes choses a permis dans son extrême considération pour l’homme que nous eussions aussi notre royaume, dont chaque individu serait seul maître. C’est là la volonté, faculté exempte de servitude, et libre, fondée sur l’indépendance de notre raison. Il serait donc plus juste de faire retomber une telle accusation sur ceux qui n’ont pas été conquis à la foi, et non sur celui qui a invité les hommes à y acquiescer. [5] Même quand Pierre [Actes, ii, 41] prêcha au début la doctrine devant une immense assemblée de Juifs, et que trois mille hommes reçurent la foi en même temps, les incrédules, quoique plus nombreux que ceux qui avaient fait acte de foi, ne reprochèrent pas à l’Apôtre de ne pas les avoir convaincus. Il n’eût pas été non plus raisonnable, quand la grâce était exposée aux yeux de tous, que celui qui s’y était volontairement soustrait accusât de son mauvais partage un autre que lui-même.

XXXI. Mais même devant des raisons de ce genre, les adversaires ne restent pas à court de répliques et de chicanes. Dieu pouvait s’il le voulait, disent-ils, amener de force les récalcitrants eux-mêmes à accepter la bonne nouvelle. Où serait donc ici le libre arbitre ? Où serait la vertu et la gloire d’une conduite droite ? C’est seulement aux êtres inanimés et privés de raison qu’il appartient de se laisser mener au gré d’une vo-