Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/239

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lonté étrangère. La nature raisonnable et pensante, au contraire, si elle met de côté la liberté, perd du même coup le privilège de la pensée. Quel usage fera-t-elle en effet de la raison, si le pouvoir de choisir à son gré dépend d’un autre ?

[2] Or si la volonté reste inactive, la vertu disparaît forcément, entravée par l’inertie de la volonté ; et sans vertu, la vie aussitôt perd son prix, l’éloge dû à la bonne conduite se trouve supprimé, le péché se commet sans péril, il devient impossible d’établir une différence entre les manières de vivre. Qui pourrait encore raisonnablement accuser l’homme déréglé, ou louer l’homme vertueux ? Cette réponse vient d’elle-même à la bouche de tout le monde : Il ne dépend point de nous d’avoir une volonté ; c’est une puissance supérieure qui conduit les volontés humaines à se ranger à la décision du maître. Si la foi n’a pas pris naissance dans toutes les âmes, la faute n’en est donc pas à la bonté divine, mais à la disposition de ceux qui recevaient la prédication.

XXXII. Que mettent encore en avant les adversaires ? Que la nature souveraine devait, avant tout, ne se prêter en aucune façon à l’épreuve de la mort, mais qu’elle aurait pu, sans en venir là, réaliser facilement son dessein par la surabondance de son pouvoir. En admettant même qu’il dût absolument en être ainsi en vertu de quelque raison mystérieuse, Dieu devait du moins ne pas accepter l’ignominie d’une mort infâme. Car quelle mort pourrait être plus infâme, dit-on, que celle de la croix ?

[2] À ces objections, que répondrons-nous ? Que la