Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/241

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naissance rend la mort inévitable. Celui qui avait une fois décidé de partager la condition humaine, devait passer par tous les états qui caractérisent notre nature. Or la vie humaine étant enfermée entre deux limites, si, après avoir franchi l’une, il n’avait pas pris contact avec la suivante, son dessein fût resté inachevé, puisqu’il n’aurait pas touché à l’un des deux états qui distinguent notre nature.

[3] Peut-être la connaissance exacte du mystère permettrait-elle de dire avec plus de vraisemblance que la naissance n’est pas la cause de la mort, mais que c’est au contraire à cause de la mort que Dieu a accepté de naître. Ce n’est pas en effet le besoin de vivre qui amène l’Éternel à se soumettre à la naissance, mais le désir de nous rappeler de la mort à l’existence. Il fallait ramener de la mort à la vie notre nature entière ; Dieu s’est donc penché sur notre cadavre afin de tendre, pour ainsi dire, la main à l’être qui gisait ; il s’est approché de la mort, jusqu’à prendre contact avec l’état de cadavre, et à fournir à la nature, au moyen de son propre corps, le point de départ de la résurrection, en ressuscitant l’homme entier par sa puissance.

[4] L’homme en qui s’était incarné Dieu, l’homme qui s’était élevé, par sa résurrection, avec la divinité, n’était en effet tiré que de notre limon. Or, de même que dans notre corps l’activité d’un seul des sens entraîne une sensation commune pour l’ensemble de l’organisme qui est uni au membre, de même, la nature tout entière formant pour ainsi dire un seul être vivant, la résurrection du membre s’étend à l’ensemble, et de la partie se communique au tout, en vertu de la