Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/271

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[3] Quel est donc ce remède ? C’est précisément ce corps glorieux qui s’est montré plus fort que la mort et qui est devenu pour nous la source de la vie. Comme un peu de levain, selon la parole de l’Apôtre, [I Cor., v, 6] s’assimile toute la pâte, ainsi le corps élevé par Dieu à l’immortalité, une fois introduit dans le nôtre, le change et le transforme tout entier en sa propre substance. De même en effet que la présence d’une drogue pernicieuse mêlée à un corps bien portant réduit à l’impuissance tout ce qui a subi le mélange, de même aussi le corps immortel, par sa présence dans celui qui l’a reçu, transforme en sa propre nature jusqu’à l’ensemble de l’organisme.

[4] Mais pour pénétrer dans le corps, il n’y a pas d’autre moyen que de se mêler, par la voie de la nourriture et de la boisson, aux organes de la vie. Le corps est donc dans la nécessité de recevoir par le procédé permis à la nature, la puissance qui vivifie. Or le corps en qui s’est incarné Dieu est le seul qui ait reçu cette grâce ; d’autre part, on a montré que notre corps ne pouvait être admis à l’immortalité, si son étroite union avec l’être immortel ne le faisait participer à l’incorruptibilité. Il convient donc d’examiner comment ce seul corps, en se partageant indéfiniment sur toute la surface de la terre, entre tant de milliers de fidèles, a pu se donner tout entier à chacun dans la parcelle reçue et se conserver lui-même entier.

[5] Pour que notre foi, considérant la suite rigoureuse de la doctrine, n’éprouve aucune hésitation devant le sujet proposé à notre réflexion, il est bon de nous arrêter un instant aux lois de la nature du corps. Qui ne sait en effet que notre nature physique, prise en