Page:Grégoire de Nysse - Discours catéchétique, 1908.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

notre volonté, en effaçant les vices de l’âme, nous devenons meilleurs, et nous sommes transformés dans le sens du mieux. Mais si le bain est donné au corps sans que l’âme soit lavée des souillures causées par les passions, et si la vie qui suit l’initiation s’accorde par son caractère avec la vie dépourvue d’initiation, si hardie que soit cette parole, je veux la dire sans détours : dans ces cas-là, l’eau est de l’eau ; car le don du Saint-Esprit ne se manifeste nulle part dans l’acte accompli, toutes les fois que l’homme, non content d’insulter à l’image divine qui est en lui, par le vice affreux de la colère ou par la passion de la cupidité, par le désordre indécent de l’esprit, par les fumées de l’orgueil, par l’envie et par le dédain, persiste à garder les gains injustement réalisés, et que la femme acquise par lui au prix de l’adultère continue à servir à ses plaisirs.

[4] Si ces vices et d’autres du même genre se montrent après comme avant dans la vie de celui qui a reçu le baptême, je ne puis voir ce qu’il y a de changé, puisque j’ai sous les yeux le même homme qu’auparavant. La victime de l’injustice, la victime de la calomnie, l’homme dépouillé de ses biens, ne voient, en ce qui les concerne, aucun changement chez celui qu’a lavé l’eau du baptême. Ils ne lui ont pas entendu dire comme Zachée : « Si j’ai fait tort de quelque chose à quelqu’un, je lui rends le quadruple. » [Luc, xix, 8] Ce qu’ils disaient avant le baptême, aujourd’hui encore ils le rappellent tout au long sur son compte ; ils l’appellent des mêmes noms : cupide, plein de convoitise pour le bien d’autrui, grassement entretenu par l’infortune des autres hommes. Celui qui