Page:Grégoire de Nysse - Homélie contre les usuriers, 1853.djvu/44

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mêmes à ceux qui nous doivent ? Oh ! combien de malheureux, grâce à l’usure, ont brisé leur cou dans un lacet ! Combien se sont précipités dans le courant des fleuves, ont trouvé la mort plus douce que leur créancier, et ont laissé des enfants orphelins sous la tutelle d’une mauvaise marâtre, la pauvreté ! Mais alors même ces honnêtes usuriers n’épargnent pas la maison déserte ; ils tourmentent des héritiers qui n’ont peut-être recueilli que la corde funeste, ils réclament de l’or à ceux qui ne trouvent que le pain de l’aumône ; et quand on leur reproche (quoi de plus juste ?) la mort du débiteur, quand pour les faire rougir on leur rappelle le lacet fatal, ils n’ont même pas honte de ce qu’ils ont fait, leur âme n’en est point émue, mais un sentiment cruel leur dicte d’impudentes paroles : C’est la faute de nos mœurs, si ce malheureux, cet insensé, né sous une mauvaise étoile, a été conduit par sa destinée à une mort violente. Car nos usuriers