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SUZANNE NORMIS.

me dit un jour le brave homme, il veut absolument le capital, et non les revenus…

— Qu’on le lui donne, pour l’amour du ciel, et qu’il n’en soit plus question, m’écriai-je, ces marchandages me font mal au cœur !

— Non pas, non pas, répliqua le notaire, il vaudrait mieux faire à mademoiselle Normis quinze mille francs de rente, et laisser le capital à l’abri…

— Fort bien, répondis-je, terminez vite, et surtout ne m’en parlez plus.

Le dernier dimanche, Suzanne m’emmena à l’église pour entendre ses bans : « Il y a promesse de mariage entre M. Paul-Raoul de Lincy et mademoiselle Suzanne-Marie Normis. »

La voix du prêtre tomba sur mon cœur comme un suaire. Quoi ! ma fille, ma Suzanne, allait me quitter, quitter mon nom… je n’aurais plus d’elle que ce qu’il plairait au mari jaloux de m’accorder ? À peine sorti de l’église, je courus chez mon gendre qui venait de se lever et qui fut fort étonné de me voir.

— Cher monsieur, lui dis-je sans préambule, je n’avais pas pensé à une chose, c’est que je ne puis consentir à me séparer tout à fait de ma