ramena à moi-même. Je traversai deux pièces, toujours suivi de ma belle-mère ; et j’entrai dans la chambre de Suzanne. Chère petite chambre ! Elle l’avait voulue bleue, en mémoire de celle où elle était née, où j’avais veillé son berceau jusqu’à ce qu’elle eût sept ans… J’entends la voix de ma belle-mère qui me gourmandait :
— Voyons, mon gendre, ne vous affectez donc pas comme cela ! Vous n’êtes qu’une poule mouillée…
Je la regardai hébété, les yeux secs…
— Mais pleurez donc ! me dit-elle. J’aimerais mieux vous entendre hurler que de vous voir tranquille comme vous l’êtes !
Je restais toujours immobile. Elle fondit en larmes et se jeta dans mes bras :
— Ah ! mon ami, me dit-elle, que nous voilà malheureux ! Le monstre qui nous l’a enlevée !
Et pour la première fois de notre vie, nous nous trouvâmes les mains unies, assis à côté l’un de l’autre, en parfaite communauté d’impression.