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SUZANNE NORMIS.

Il se leva pour partir, et en tenant sa main loyale dans la mienne, je me pris à regretter qu’il ne fût pas en effet mon gendre à la place de cet irréprochable Lincy que je ne pouvais souffrir.

— Pourquoi êtes-vous parti ? dis-je d’un ton qui avait bien l’air d’un reproche.

— Ma vieille tante était malade, répondit-il, et sa réponse ressemblait fort à une excuse. Elle est morte dans mes bras ; je suis revenu dès que cela m’a été possible…

— C’était écrit ! pensai-je, et je ne suis pas sûr de ne pas l’avoir dit. Venez me voir, continuai-je tout haut, venez dîner avec moi demain : je suis bien seul…

Son visage mâle et franc prit une expression de sympathie qui acheva de me gagner.

— Je vous ferai de la musique, dit-il gaiement. Vous ne l’aimez peut-être pas beaucoup, la musique ?

— Oh ! si, répondis-je, elle m’en faisait tous les soirs.

— À demain ! dit gaiement Maurice Vernex en prenant congé de moi, pour couper court, je crois, à mes doléances.

Il vint en effet, et nous passâmes une soirée