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ROMAN D’UN PÈRE.

de me rendre ridicule en avouant que mon gendre m’inspirait une terreur insurmontable.

En arrivant à la station, si je n’y trouvai ni mon gendre, ni ma fille, je trouvai en revanche une fort belle calèche, avec un fort beau cocher et un magnifique valet de pied, que mon Pierre examina dès l’abord avec une curiosité mal déguisée.

— Comment s’y prend-on, pensait évidemment le pauvre diable, pour être si majestueux rien qu’en fermant une portière ?

Comme le superbe valet de pied montait auprès du cocher, je n’avais le choix qu’entre deux alternatives : laisser Pierre faire la route à pied, ou le prendre à côté de moi dans la calèche. Je n’hésitai pas, et mon fidèle valet de chambre s’assit respectueusement sur le bord du coussin, sans lâcher mon sac de voyage.

Les chevaux étaient excellents, la route magnifique. Pierre ne put contenir sa joie :

— Nous allons donc revoir mademoiselle, dit-il d’un air discret et respectueux ; puis s’apercevant de sa méprise, il reprit : Madame de Lincy ! et resta confus.

— Cela vous fait plaisir ? lui dis-je. Moi aussi, j’avais besoin de m’épancher un peu.