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SUZANNE NORMIS.

à ce titre n’avais-je pas quelque droit à m’occuper de son bonheur ?

Elle ne paraissait pas malheureuse ; certes, son joli visage, autrefois rose et mutin, était devenu plus pâle et plus sérieux ; ses yeux légèrement cernés n’avaient plus la joyeuse expression des jours passés, mais elle causait avec abandon quand nous nous trouvions ensemble, et riait volontiers de ce rire charmant, si doux et si communicatif que le plus morose s’y fut déridé.

Félicie, après avoir ponctuellement « fait ses huit jours », était rentrée chez moi, et ne m’avait plus jamais reparlé des détails que dans sa colère elle avait laissé échapper. J’aurais pu croire que j’avais fait un mauvais rêve, si un léger changement dans l’expression du visage de Suzanne, à l’approche de mon gendre, ne m’eut rappelé souvent ce que la vieille bonne m’avait raconté.

Nous n’étions pas loin du 1er janvier, quand un jour, vers midi, en traversant le salon qui menait à la salle à manger, chez mon gendre, j’entendis le bruit de sa voix irritée ; celle de Suzanne, particulièrement vibrante, lui répondait par saccades… J’eus l’envie la plus véhé-