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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/19

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ROMAN D’UN PÈRE.

Pendant ce temps, Suzanne, s’aidant de la chaise placée près du berceau, était presque venue à bout de descendre. Ma femme relâchait son étreinte… elle respirait encore cependant, et elle comprenait… J’enlevai l’enfant, et du même mouvement je la déposai auprès de sa mère.

— Je… je vous aime… dit celle-ci en essayant de nous étreindre encore. Elle se laissa aller sur son oreiller…

Je mis dans la main de Suzanne le bouquet de lilas oublié la veille sur le tapis.

— Mets cela sur ta mère, lui dis-je.

Effrayée par ma gravité inaccoutumée, par la rigidité du visage adoré qui ne lui souriait pas comme à l’ordinaire, la petite déposa le bouquet sur le corps de sa mère, et se rejeta dans mes bras.

Je sonnai ; la bonne vint, — elle allait crier, — d’un geste je lui commandai le silence, et je lui remis l’enfant.

Seul je rendis les derniers devoirs à celle qui avait été mon épouse. Lorsqu’elle fut parée pour le cercueil, vêtue de blanc et couverte de fleurs, je m’agenouillai, j’appuyai ma tête sur le bord de ce petit lit d’enfant où elle avait laissé sa vie, et je pleurai amèrement.