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SUZANNE NORMIS.

— C’est ce que je vous dirai tout à l’heure. Mais votre position, vos espérances, en un moi se trouvent aussi modifiées par mon état actuel de santé… de sorte qu’il y aurait, je pense, lieu d’arriver à un compromis… Si vous voulez me rendre Suzanne, et considérer, en ce qui dépend de vous, votre mariage comme non avenu, — je vous offre une rente viagère de nature à contenter les goûts les plus larges.

Je me tus. Mon gendre, toujours calme, m’observait de son regard terne et froid. Comme il gardait le silence, je levai les yeux sur lui pour l’interroger. Il parla :

— Je ne peux pas m’expliquer, cher beau-père, dit-il, le motif qui vous porte à me faire une proposition aussi extraordinaire. Jusqu’ici, à ce qu’il me semble, Suzanne et moi n’avons jamais donné lieu de penser que nous n’étions pas heureux de vivre ensemble !

— Je n’ai pas à discuter cette question, repris-je avec une sorte d’impatience, ce genre de discussion nous entraînerait trop loin. Je vous demande si vous consentez à me rendre ma fille.

— Mais, cher beau-père, dit-il avec une politesse exquise, vous n’y pensez pas ! Que dirait-on de moi dans le monde, — et, bien mieux, que