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SUZANNE NORMIS.

XXXIII


Suzanne revenait rapidement à la santé, ses joues se posaient, la vilaine marque rouge avait disparu depuis bien longtemps, mais je la voyais toujours, moi ; pourtant, ses beaux yeux bleus, rendus à leur douceur première, me souriaient comme aux temps heureux de son enfance. Un jour qu’après une longue promenade en calèche nous revenions ensemble par les faubourgs, Suzanne avait sur les genoux un gros bouquet de fleurs d’oranger cueilli à quelque villa des environs ; les lumières lointaines piquaient de clous d’or le fond gris de la ville, où quelques clochers se détachaient visibles encore. Ma fille me dit avec un soupir de béatitude :

— Père, j’avais toujours rêvé de faire avec toi ce voyage d’Italie… Il me semble que je n’ai jamais été mariée.

Elle jouait avec son bouquet ; ses yeux tombèrent sur les fleurs symboliques, et elle fit un