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ROMAN D’UN PÈRE.

parlais que de la santé meilleure de Suzanne, et j’appris qu’elle aussi se réjouissait de ma résolution désespérée.

Une de ses lettres me donna des détails nouveaux, bien que prévus, sur mon gendre.

« Imaginez-vous, m écrivait-elle, que le coquin se prélasse et vit à peu près maritalement avec qui ? Je vous le donne en mille !… Avec mademoiselle de Haags. Celle-ci, après différentes fugues à l’étranger, notamment à Vienne, a trouvé un prince à plumer. Elle s’en est acquittée en conscience, et maintenant elle mange ce plumage avec votre gendre. Elle va débuter ces jours-ci sur une de nos scènes lyriques : il faut voir le mal que Lincy se donne pour lui faire un succès. C’est positivement monstrueux ! Qui eût pu croire cela d’elle ! Vous souvenez-vous, mon ami, que dans un moment où j’avais la berlue, j’avais pensé à vous la donner pour femme ? Ce dernier coup me prouve que vous ne fûtes point, en mariant Suzanne à ce monsieur, aussi coupable que je l’avais présumé. Mais cette demoiselle de Haags ! Cela me passe ! Elle avait reçu une si bonne éducation et de si excellents principes ! »

Je ne partageais pas l’étonnement de ma belle--