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SUZANNE NORMIS.

Suzanne très-effrayée, très-pâle, me serrait fortement le bras, Félicie, qui avait gagné quelques habitudes italiennes, faisait de temps en temps un grand signe de croix… Quand nous fûmes en wagon, Suzanne me dit :

— Où allons-nous, père ?

Son visage exprimait une inquiétude si poignante que je ne pus y tenir plus longtemps.

— En France ! répondis-je.

Un cri de triomphe partit des trois poitrines haletantes qui attendaient ma réponse, et les trois paires d’yeux me remercièrent par des larmes de joie.

Le lendemain nous étions à Nice, où je ne fis que passer. Nous ne fûmes point inquiétés à la frontière. Mon gendre, bien sûr, ne nous cherchait point de ce côté.

Arrivé près de Paris je déposai Suzanne avec nos domestiques dans un hôtel de la banlieue, et j’allai voir notre docteur nuitamment comme un voleur. Il approuva mon projet, loua fort mon énergique résolution et m’assura que, dès lors, nous pouvions rester en France sans être inquiétés.

— Comment voulez-vous, dit-il, qu’on vous cherche là où vous allez ? Je ne crois pas que