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ROMAN D’UN PÈRE.

viande eurent trouvé leurs destinataires, non sans quelques litiges, une femme avenante, proprement vêtue, s’approcha de nous, prenant en pitié notre air emprunté. De fait, nous devions être passablement gauches, car nos yeux suivaient avec une sorte de regret la voiture jaune, qui s’en allait plus loin peupler le pays de petits barils et de sacs de toile mystérieux.

— Qu’y a-t-il pour le service de ces messieurs et de ces dames ? nous dit l’hôtesse en français très-acceptable, malgré l’accent du pays. Une jolie chambre peut-être et un souper ?

— Quatre jolies chambres et quatre soupers, répondis-je, retombant dans la réalité.

Les chambres étaient propres et fraîches malgré leurs affreuses lithographies de la Restauration encadrées dans des cadres de bois noir ; en attendant le repas, je me mis au courant des aventures de Télémaque et de celles non moins véridiques de la belle Zélie, représentée avec un corsage bleu et un jupon rouge, dans l’acte de reprocher à un perfide l’abandon le plus immérité.

Le souper fut servi, et nous mangeâmes tous à la même table. La frugalité, mais non la parcimonie, présidait à ce repas, arrosé de cidre en-