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SUZANNE NORMIS.

souffre tant, il faut avoir pitié de lui… Allez, allez !

Et une plainte longue, douloureuse, succédait à ces discours. Je ne savais que faire ; je fis lever Félicie, pour employer quelque remède domestique, de ceux qu’on a sous la main, et Pierre partit aussitôt pour la ville, afin de ramener un médecin.

Au premier bruit, Maurice s’était levé ; je le rencontrai dans la salle, tremblant d’émotion et d’angoisse. Je lui dis en deux mots ce qu’il en était, et je m’en repentis aussitôt à la vue de son désespoir.

— Laissez-moi m’asseoir auprès de sa porte, me dit-il, je resterai en dehors, mais laissez-moi l’entendre ; vous ne pouvez vous imaginer ce que je souffrirais si vous me défendiez de rester là.

Je consentis, et il s’appuya contre le mur pour se soutenir.

— Mon mari, c’est mon mari, disait Suzanne dont le délire augmentait, c’est mon mari malgré tout, et je le hais. Père, cache-moi, je ne veux pas le voir. Emmène-moi chez Lisbeth tout de suite. Père, cria-t-elle, tu n’es pas là… je lui tenais les mains. Ah ! le misérable, il m’en-