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SUZANNE NORMIS.

avec un repos parfait, il n’y avait probablement rien à craindre.

— Surtout, monsieur, dit-il d’un air de reproche à Vernex, qu’il prit pour mon gendre, pas de contrariétés, pas de scènes de famille. On la tuerait, et ce ne serait pas long.

Il se retira après avoir prescrit une potion calmante.

Suzanne dormait tranquillement. Un peu de rougeur à ses joues, un peu de chaleur à ses mains étaient les seules traces de la terrible secousse de la nuit ; au premier mouvement qu’avait fait Maurice pour retirer sa main, elle l’avait serrée sans se réveiller, avec un gémissement douloureux.

Il me regarda de cet air soumis et malheureux qui me fendait l’âme.

— Maintenant, lui dis-je tout bas, c’est moi qui vous conjure de rester.

Il me remercia d’un mouvement des lèvres, puis détourna son visage et le plongea dans l’oreiller de Suzanne, sans parler.