parce que j’avais la fièvre intérieurement. Maurice s’en aperçut, ôta sa vareuse et m’obligea, malgré mes refus, à la garder sur mes épaules, pendant qu’il marchait dépouillé à mon côté.
— Quel fils, pensai-je, serait plus attentif, plus respectueux, plus tendre ! Pourquoi faut-il que cet homme fait pour que je l’aime doive être mon ennemi, en me prenant mon enfant !
Nous rentrâmes aussitôt. Le vent soufflait en tempête et frappait de grands coups dans nos fenêtres. Pendant le souper il y eut un tel vacarme au dehors que je crus à quelque accident. C’était simplement un volet détaché qui frappait le mur. Le tonnerre se mit aussi de la partie, et, pendant une demi-heure, il n’y eut pas moyen d’échanger une parole.
Dès que le calme se fut un peu rétabli :
— Comment partirons-nous demain, dit Suzanne, si la mer ne se remet pas ?
— Qu’importe ! fit Maurice avec énergie ; l’essentiel est d’échapper aux poursuites.
— Mais s’il y a danger ? fis-je observer.
— Qu’importe, puisque nous serons ensemble !
Leurs deux voix avaient prononcé à l’unisson