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SUZANNE NORMIS.

pourtant ! — j’étais le loup dans la bergerie, — et voilà que ce loup soufflait sa fille, comme un vulgaire camarade d’école ! J’aurais volontiers protesté de mon innocence, mais à quoi bon ?

J’expliquai de mon mieux à Suzanne la nécessité de ne pas me regarder pendant les leçons, et je l’informai, pour plus de sûreté, que dorénavant je resterais en arrière à une place où ma complète honnêteté ne pourrait pas être soupçonnée.

— Mais, papa, me dit Suzanne, qui m’écoutait avec beaucoup d’attention, ce serait très-mal si tu me soufflais ?

— Certainement, mon enfant.

— Alors, pourquoi ces dames pensent-elles que tu fais une chose très-mal ?

— Parce que…

Ma sagesse se trouvait ici prise en défaut. Fallait-il expliquer à Suzanne que ces dames soufflaient probablement leurs filles en semblable circonstance, ou bien fallait-il me rejeter sur la faiblesse humaine en général ? J’essayai de faire un peu de philosophie très-vague, mais l’esprit net et réfléchi de ma fille ne s’accommodait point de mes périphrases. Elle devint soucieuse et finit par me dire :