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SUZANNE NORMIS.

— Ce qui me fait plaisir, dit-elle de l’air d’une petite Minerve enjuponnée, c’est que j’aie bien répondu, et que tu en sois content ; mais pour les compliments, je m’en moque !

Si ma belle-mère l’avait entendue, quelle semonce pour moi ! Car, lorsque Suzanne commettait quelque bévue, c’est moi qui étais grondé.

— Comment, mademoiselle Suzon, vous vous en moquez ? Quelle expression vulgaire !

Nous étions dans la voiture, et il faisait nuit.

— Oui, je m’en moque, répéta-t-elle en sautant sur mes genoux pour m’embrasser. Je me soucie de tout ce monde comme d’un pruneau (elle n’aimait pas les pruneaux) — parce qu’ils mentent tous les uns plus que les autres.

J’étais confondu ! Où avait-elle été pêcher cela ? Je le lui demandai, et, parmi une pluie de baisers, je recueillis des maximes dans le genre de celles-ci :

— Ce sont tous des menteurs, — les dames surtout, et les petites filles aussi, elles n’aiment que les beaux habits, — et ça leur est bien égal de ne pas savoir leur leçon, — pourvu qu’on ne la leur demande pas ! Et voilà !

Elle rebondit à sa place et s’enfonça carré-