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SUZANNE NORMIS.

— Certainement, répondit-elle, cela va de soi.

— À quel point de vue envisagez-vous cette corvée comme une nécessité ?

— Tout le monde en fait, — vous ne voudriez pas placer votre fille au-dessous du niveau le plus ordinaire ?

Je méditai un instant. La nécessité de placer ma Suzanne au même niveau que les jeunes filles du catéchisme ne m’apparaissait pas comme très-évidente ; — d’un autre côté, j’étais résolu, ai-je dit, à ne lui créer, en ce qui dépendait de mon initiative, aucun obstacle futur dans la vie…

— Comment font les autres petites filles ? demandai-je à ma belle-mère.

Elle ne répondit pas tout de suite ; j’entrevis un filet de lumière.

— Si vous faisiez ses analyses, ma chère mère ? lui glissai-je insidieusement.

— Et vous, mon gendre, pourquoi ne les feriez-vous pas ? riposta madame Gauthier avec cette verdeur qui la rendait si redoutable.

— Moi ? m’écriai-je, mais, moi, je ne suis pas convaincu…

— Eh bien ! cela vous convaincra peut-être.